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Manchester Metropolitan University's Research Repository

    La ligne claire continue

    Screech, Matthew ORCID logoORCID: https://orcid.org/0000-0002-2100-7362 (2021) La ligne claire continue. In: Tintin Aujourd'hui. Georg. ISBN 978-2-8257-1244-3

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    Abstract

    Depuis Bruno Lecigne (Les Héritiers d’Hergé, 1983), peu de travaux ont abordé l’héritage artistique du style graphique d’Hergé, connu sous le nom de « ligne claire ». Dans une première partie, nous verrons où l’on en est à l’heure actuelle. L’analyse de Lecigne est toujours d’actualité, même si l’on peut discuter de l’influence de Baudrillard sur son travail. On peut définir la ligne claire comme une combinaison de réalisme d'authentification, de précision géométrique, de caricature, et de couleurs pastel accentuées par des lignes noires d'épaisseur régulière. Selon Lecigne, Hergé porte des marques du classicisme : l'harmonie entre la forme artistique (ligne claire) et le contenu idéologique (catholicisme conservateur) communique un message sans ambiguïté, message porté par les héros mythologiques de ces séries. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, les artistes se revendiquant de la ligne claire ont affiché des tendances modernistes, ils ont en particulier rejeté l'esthétique classique en faveur des simulacres baudrillardiens, sans référence à la réalité. Lecigne estime que les artistes qui produisent du simulacre, en supprimant la référence à la réalité, prolongent la ligne claire avec créativité. Dans un second temps, nous examinerons les développements de cet héritage depuis 1983. Le Genevois Exem (Emmanuel Excoffier) casse le modèle, en combinant classicisme et modernisme. Exem, tout en rejetant le réalisme, crée des simulacres, mais, en même temps, il re-mythologise le saint Tintin. Après une accalmie au milieu des années 90, les artistes redécouvrent la référence à la réalité. Mais ils ne recyclent pas la stratégie d'authentification du réalisme, leur référence au réel permettant des possibilités imprévues, voire modernistes Le roman graphique Rampokan, de Peter Van Dongen, sur la guerre d'indépendance d’Indonésie ne se limite pas à démythifier le héros, il utilise aussi des couleurs peu réalistes. Christian Cailleaux localise la plus grande partie de sa chasse au trésor déconstruite à New York (Harmattan. Le vent des fous), tout en introduisant une dissonance stylistique. L'occupation nazie en Hollande vue par Eric Heuvel (Un Secret de famille et La Quête d’Esther ) cassent l'harmonie classique entre forme et contenu. Exem, Van Dongen, Cailleaux et Heuvel compliquent utilement le travail critique. Ces artistes démontrent, en particulier depuis le milieu des années 90, que la disparition de la référence à la réalité n'est pas nécessairement une condition préalable à l'innovation. Les créateurs actuels peuvent être appelés « post-modernes »: ils prouvent que le rejet du classicisme par le modernisme est révolu. Leurs emprunts éclectiques au classicisme et au modernisme ignorent les définitions précédentes, et signent un réengagement constructif avec le réel.

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